Le chevauchement chez le chien

Le chevauchement entre chiens, que l’on observe dans les jeux et les interactions sociales, est un comportement complexe qui intrigue souvent les propriétaires. Ce comportement, bien que parfois surprenant, est un mode de communication clé pour les chiens.
Affection ou dominance ?
Le chevauchement n’est pas toujours un signe de dominance comme on le pense souvent. Des études montrent que ce comportement est complexe et polyvalent : il peut être associé au jeu, à l’affection ou même, dans certains cas, à la dominance (Bradshaw et Nott, 1995; Bauer & Smuts, 2007). Chez les jeunes chiens et les chiots, il s’agit fréquemment d’une simple expression de jeu, une manière de tester les limites et de développer des compétences sociales. Chez des chiens adultes vivant ensemble, il peut aussi symboliser des liens affectifs forts, servant parfois de « câlin canin », une marque de familiarité et de proximité.
Excitation, décharge d’énergie et apaisement
Le chevauchement peut être une réponse à un excès d’énergie ou à une excitation intense. Lorsqu’un chien est stimulé, que ce soit par un environnement nouveau, des jeux très actifs ou même des interactions avec d’autres chiens ou humains, il peut chercher à évacuer cet excès d’énergie en adoptant des comportements tels que le chevauchement (Horowitz, 2009). Ce comportement est aussi observé chez certains chiens pour gérer le stress ou pour renforcer la cohésion du groupe social, tout en évitant les tensions. Selon des experts en comportement canin, cette réponse peut être un moyen rapide pour le chien de libérer sa tension physique et émotionnelle sans nécessairement être liée à un acte de dominance ou d’affirmation sociale.
Ce type de chevauchement est souvent observé chez les jeunes chiens ou les chiens très actifs qui, en l’absence de canaux d’évacuation pour leur énergie, vont « décharger » leur excitation par des gestes comme le chevauchement. Les détenteurs peuvent encourager leur chien à canaliser cette énergie par des activités adaptées, comme des jeux de lancer, de recherche ou d’entraînement mental, pour s’assurer d’une dépense suffisante, maintenir l’équilibre émotionnel du chien et éviter que ce comportement ne devienne habituel.
Un langage visuel pour la cohésion de la meute
Ce comportement, lorsqu’il se produit dans un groupe stable, peut contribuer à maintenir la hiérarchie et la cohésion sans agressivité. Des recherches suggèrent que les asymétries dans les jeux entre chiots, où il a été observé que certains comportements – incluant le chevauchement – peuvent servir à maintenir la cohésion sociale et à exprimer des relations sans besoin de confrontation (Ward et al., 2008). Lorsque le chevauchement est intégré dans le jeu et bien accepté par les membres de la meute, il devient ainsi une marque d’affection et de complicité.
Et avec les humains ?
Voici quelques raisons courantes pour lesquelles les chiens peuvent chevaucher les humains :
- Excitation et jeu : comme pour les interactions entre chiens, le chevauchement peut être une réponse à l’excitation, que ce soit lors d’un moment de jeu ou de stimulation intense (comme le retour de leur détenteur après une absence) ;
- Gestion du stress : certains chiens utilisent le chevauchement comme moyen d’auto-apaisement face à des situations de stress ou de confusion, comme un changement dans leur environnement ;
- Comportement appris : si un chien a reçu de l’attention positive ou n’a pas été redirigé lorsqu’il a chevauché quelqu’un auparavant, il peut éventuellement apprendre que c’est un moyen d’attirer l’attention ;
- Affirmation sociale ou dominance : bien que moins fréquente, cette raison peut parfois expliquer le comportement. Pour certains chiens, chevaucher un humain peut être une manière d’établir leur position dans la hiérarchie perçue. Cependant, chez la plupart des chiens, il ne s’agit pas réellement de dominance mais d’un geste mal dirigé.
Il est important de comprendre que chaque chien est unique, et le chevauchement, qu’il soit entre chiens ou envers les humains, doit être interprété selon le contexte et le tempérament de l’animal.
Sources
- Bauer, E. B., & Smuts, B. B. (2007). Cooperation and competition during dyadic play in domestic dogs, Canis familiaris. Animal Behaviour, 73(3), 489-499.
- Bradshaw, J. W. S., & Nott, H. M. R. (1995). Social and communication behaviour of companion dogs. In The Domestic Dog: Its Evolution, Behaviour, and Interactions with People (pp. 115-130). Cambridge University Press.
- Horowitz, A. (2009). Attention to attention in domestic dog (Canis familiaris) dyadic play. Animal Cognition, 12(1), 107-118.
- Ward, C., Bauer, E. B., & Smuts, B. B. (2008). Partner preferences and asymmetries in social play among domestic dog, Canis lupus familiaris, littermates. Animal Behaviour, 76(4), 1187-1199.
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