Les signaux d’apaisement : au-delà des interprétations simplistes

« Tous les chiens, quand ils sont dans l’embarras, se mettent à bâiller. »
Truman Capote – « Les chiens aboient » (1973)
Dans le domaine de l’éducation canine, la notion de « signaux d’apaisement » a gagné en popularité grâce aux travaux de Turid Rugaas dans les années 1990. Ces signaux, incluant des comportements tels que le léchage de truffe ou le détournement du regard, sont généralement interprétés comme des demandes de paix ou des tentatives d’éviter un conflit. Toutefois, une interprétation littérale et systématique de ces signaux peut conduire à une simplification excessive de la communication canine et à des interventions humaines souvent inappropriées.
La complexité de la communication canine
La communication chez les chiens est extrêmement nuancée et varie considérablement en fonction du contexte, de l’individu, et de la dynamique sociale. Certains comportements comme bailler, se lécher les lèvres, tourner la tête ou éviter le regard, se gratter ou se secouer sont souvent interprétés comme des signaux d’apaisement, mais ces actions peuvent avoir différentes significations selon le contexte. Par exemple, un chien qui baille peut simplement être fatigué, ou apaisé, sans qu’il n’ait subi de stress préalable. Et se lécher la truffe ou les lèvres peut indiquer qu’il a faim ou qu’il a senti quelque chose d’intéressant plutôt qu’une tentative de calmer une situation. L’important est de comprendre le langage corporel du chien dans son ensemble, au lieu de se concentrer sur des signaux isolés.
Nouvelle perspectives
Une étude pilote menée en 20161 a observé plus de 2000 occurrences de ces signaux, montrant leur rôle dans la communication et la réduction des tensions, mais aussi leur complexité d’interprétation. Cette étude nous invite à adopter une approche plus nuancée et contextuelle de la communication canine. Pour les éducateurs canins et les propriétaires de chiens, cela signifie qu’il est important de reconsidérer la manière dont ils comprennent et réagissent à ces signaux. Au lieu d’intervenir à chaque signal, il faut tenir compte du contexte. Les interventions humaines doivent être réfléchies et basées sur une bonne compréhension de la communication canine.
L’apprentissage et la transmission des codes sociaux
Les interactions entre chiens leur permettent d’apprendre et de transmettre des codes sociaux essentiels à leur bien-être et à leur intégration dans la société canine. L’intervention humaine constante, basée sur une interprétation erronée des signaux d’apaisement, peut entraver ce processus d’apprentissage. Les chiens doivent être capables de gérer leurs interactions, y compris les moments de malaise, tant qu’il n’y a pas de danger imminent. Cela fait partie de leur développement social et de leur capacité à évoluer dans le monde qui les entoure.
La vie n’est pas faite que de moments parfaits
Tout comme dans la vie humaine, l’existence canine n’est pas constamment remplie de moments agréables. Être mal à l’aise fait partie de l’apprentissage et du développement. Tant qu’il n’y a pas de risque de dommage physique ou psychologique, permettre aux chiens de vivre ces moments est indispensable à leur développement émotionnel et social.
Développer un lien profond avec son chien
Plutôt que de se fier uniquement à une liste de signaux à surveiller, développer un lien profond et une compréhension de son chien est essentiel. Cela implique d’observer ces animaux dans une variété de contextes, d’apprendre à interpréter leur langage corporel dans leur ensemble, et de comprendre leurs réactions individuelles.
Conclusion
La communication canine est un domaine complexe qui ne peut être réduit à une simple liste de signaux d’apaisement. Une approche plus globale, qui reconnaît la complexité de la communication et le besoin d’interactions sociales non entravées pour les chiens, est nécessaire. Il est important de considérer le comportement du chien dans son ensemble et le contexte dans lequel il se trouve pour interpréter correctement ses signaux. En fin de compte, le but est de cultiver une relation basée sur la compréhension mutuelle, le respect et la confiance, pour permettre une cohabitation harmonieuse entre les chiens, mais aussi avec leurs humains.
Au top 👍. Et je suis entièrement d’accord avec la phrase « Être mal à l’aise fait partie de l’apprentissage et du développement ». Ils ont besoin de vivre des situations un… Lire la suite »
Et oui, ça fait partie de la vie et c’est comme ça aussi qu’on apprend à gérer la frustration, la déception, et d’autres situations. Sans jamais être confronté à des… Lire la suite »
comme quoi ! 😅