« Les chiens n’ont qu’un défaut : ils croient aux hommes. »
Elian Finbert
Le dilemme
Dans le monde des passionnés de chiens, les débats sont nombreux, mais l’un d’entre eux, souvent alimenté par des professionnels de l’éducation canine, semble particulièrement préoccupant : face à un chien inconnu, doit-on systématiquement craindre le pire et rattacher son chien, sous prétexte que « le chien d’en face n’est pas forcément gentil »? Bien que cette prudence puisse sembler sage, elle frôle parfois la paranoïa et soulève des questions sur notre compréhension du langage canin, ainsi que sur la manière dont nous interprétons les interactions entre nos animaux.
La perception des professionnels : un angle potentiellement biaisé
Certains éducateurs canins, bien que jouant un rôle crucial dans la résolution des problèmes comportementaux, peuvent avoir une perception biaisée de la question. En intervenant principalement auprès de chiens présentant des difficultés, ils peuvent surévaluer l’ampleur des comportements problématiques. En réalité, la majorité des chiens vivent en harmonie avec leur entourage.
Apport des recherches en éthologie canine
De nombreuses études démontrent que les restrictions physiques, telles que l’usage systématique de la laisse et le manque d’espace, peuvent exacerber les problèmes comportementaux. Ainsi, plutôt que de restreindre les interactions entre chiens sociables et équilibrés, il est essentiel d’encourager des rencontres positives pour promouvoir une coexistence harmonieuse avec ceux qui présentent des difficultés.
La problématique de la normalisation de l’agressivité
Le réflexe recommandé par certains professionnels de rattacher systématiquement son chien à la vue d’un autre chien attaché contribue malheureusement à une banalisation problématique de l’agressivité canine. Cette pratique suggère implicitement que la présence d’un chien attaché devrait automatiquement alerter et inciter les autres à faire de même, oubliant ainsi le besoin fondamental des chiens de liberté et d’exploration, ainsi que leurs compétences sociales.
Le consentement canin : une considération essentielle
Le consentement des chiens est souvent négligé dans les discussions sur les interactions canines. Les gens qui rencontrent des difficultés avec leurs chiens ont tendance à mettre l’accent sur le consentement des propriétaires de chiens, mais oublient de prendre en compte le consentement des chiens eux-mêmes. Un chien sociable est capable d’accepter ou de refuser une interaction, tout comme les humains. Les signaux de consentement ou de refus peuvent être subtils, comme se détourner, s’éloigner ou rester figé, mais ces signaux peuvent être perturbés si le chien est contraint par une laisse tendue ou tiré en arrière par exemple. Cela risque également d’envoyer de mauvais signaux aux autres chiens impliqués, qui pourraient adopter des comportement non désirés à leur tour. Il est donc très important que les propriétaires de chiens apprennent à reconnaître ces signaux, et à respecter les décisions de leurs animaux.
L’importance de la sociabilisation en liberté
L’argument central de l’approche critique envers le principe « le chien d’en face n’est peut-être pas gentil » réside dans l’importance d’une sociabilisation équilibrée et réussie des chiens, qui est indispensable à leur bien-être et leur épanouissement. Elle permet aux chiens de comprendre et de respecter les codes sociaux canins. Cette sociabilisation ne peut se réaliser pleinement que dans un contexte de liberté, où les chiens ont la possibilité d’explorer, d’interagir et de communiquer sans contraintes inutiles comme les laisses, les longes, ou des humains qui les rappellent à tout bout de champ…
Vers une responsabilité équitable
Il est important de souligner que la plupart des chiens ne représentent pas un danger immédiat, et que ce n’est pas aux détenteurs de chiens sociables de modifier systématiquement leur comportement. Il revient donc aux propriétaires de chiens confrontés à des défis spécifiques d’assumer cette responsabilité, en adoptant une attitude proactive, en signalant éventuellement la situation aux autres propriétaires et en cherchant à établir des rencontres positives, plutôt que des tensions ou des disputes. Cette perspective ne cherche pas à exonérer de responsabilité les propriétaires de chiens « trop sociables » lorsque des incidents se produisent, mais à encourager une responsabilisation équitable, en reconnaissant que la gestion d’un chien potentiellement agressif en présence d’autres chiens libres nécessite une attention et une préparation particulière. Elle invite à une cohabitation plus harmonieuse et sécurisée pour tous, en mettant l’accent sur le bien-être des chiens et le respect de leur nature.
L’influence des attitudes humaines sur le comportement canin
Selon les principes de la psychologie sociale, un lien étroit existe entre ce que nous pensons et ressentons, et la façon dont nous agissons. Un propriétaire qui considère son chien comme sociable et amical est plus enclin à encourager des interactions positives avec d’autres chiens, ce qui peut renforcer le comportement social du chien. Inversement, un propriétaire anxieux ou méfiant peut involontairement transmettre cette tension à son chien, affectant ainsi négativement les interactions avec ses congénères. Cet échange réciproque souligne l’importance d’une approche consciente et positive dans l’éducation canine, favorisant une sociabilisation réussie et des rencontres saines entre chiens. Une remise en question sur les méthodes, et une prise de conscience peut aider les propriétaires à mieux comprendre l’impact de leur propre comportement sur la sociabilisation de leur chien.
Demander de l’aide est parfois indispensable
En cas de doute ou d’incapacité à gérer le comportement d’un chien à l’approche d’un congénère, il est indispensable de se tourner vers un professionnel qualifié avant de fréquenter des espaces où des chiens peuvent évoluer librement, parce qu’il est évident que si quelqu’un s’exclame « il est gentil! », ce n’est pas dans le but de piéger le propriétaire d’en face, mais de le rassurer et de permettre une interaction positive pour tous. L’impossibilité de transformer ce qui est qualifié de « mauvaise expérience » en une opportunité d’apprentissage découle très souvent de conseils inappropriés, ou d’une inaptitude à réhabiliter un chien, tout simplement.
Un travail cohérent et constant
La réhabilitation sociale d’un chien est un travail constant, et la méthode doit être cohérente et adaptée spécifiquement à chaque chien. Il n’existe pas de formule magique applicable à tous, malheureusement. Il est donc essentiel de trouver une aide efficace auprès de quelqu’un qui saura transmettre des outils spécifiques, et s’assurer que les premiers résultats soient obtenus dans un délai raisonnable. Si l’éducateur canin que vous avez choisi n’est pas en mesure de vous apprendre à gérer les approches de chiens en liberté, alors il est peut-être temps d’en trouver un autre, qui sera plus à même de fournir une aide concrète, car tout le monde le sait: des chiens en liberté, il y en a partout, même où cela n’est pas autorisé.
Repenser notre approche des interactions canines
En conclusion, remettre en question le discours simplificateur selon lequel « le chien d’en face n’est pas forcément gentil » est un pas vers une meilleure compréhension des besoins comportementaux et sociaux de nos amis canidés. Une société où chaque chien a la chance de développer et d’entretenir sa sociabilité dans un environnement bienveillant est non seulement possible, mais souhaitable.
tout mon soutien j’adore ce que vous faites
Très bel article 👍 Dans la section « l’influence des attitudes humaines sur le comportement canin », Je pense que les gens devraient déjà réussir à savoir gérer leurs propres émotions, Avant… Lire la suite »
Merci Virginie. Tu as raison! C’est la base pour conduire des chiens sereinement, être calme, et savoir transmettre cette attitude aux chiens. Sinon, ça peut vite devenir la misère…
ce genre de truc