« Réactif » en laisse
« Réactif » n’est pas « agressif »!

Nez plat : « beauté » controversée

Publié le 24 mars 2024

Dans le monde canin, l’expression « nez plat » désigne une caractéristique physique spécifique à certaines races de chiens, connues sous le nom de brachycéphales. Ces races, incluant le Bouledogue français, le Carlin, le Shih Tzu et le Pékinois, se caractérisent par un crâne large et court, accompagné d’un museau notablement raccourci. Issue d’un élevage sélectif accru depuis le début du 20ème siècle, cette apparence répondait initialement à un désir esthétique, poussant ces chiens vers un «schéma de bébé» de plus en plus prononcé.

Les conséquences d’une esthétique forcée

La configuration faciale des chiens brachycéphales entraîne de graves problèmes de santé. La capacité réduite à réguler leur température corporelle, due à une surface de muqueuses nasales diminuée, engendre un effort respiratoire accru. Les symptômes incluent des difficultés respiratoires, des ronflements, et une intolérance à la chaleur. Ces troubles ne se limitent pas à l’appareil respiratoire: ils s’étendent également à des problèmes ophtalmologiques, cutanés, et à des complications lors des mises bas.

Les Pays-Bas à l’avant-garde du changement

Face à cette problématique, les Pays-Bas ont adopté une position de leader en interdisant depuis 2019 l’élevage de chiens à museau court, comme le carlin. Cette décision vise à prévenir la souffrance animale liée à des mutations génétiques privilégiant une esthétique particulière. Le Ministère de l’Agriculture néerlandais étend cette initiative en cherchant à restreindre l’achat de ces animaux à l’étranger, soulignant les difficultés respiratoires et autres problèmes de santé comme des souffrances inutiles infligées pour des raisons de pure apparence.

En dépit des régulations, un marché noir persiste, démontrant la complexité de l’application de telles mesures. Le ministre de l’Agriculture, Piet Adema, propose donc d’aller plus loin en interdisant la possession et la promotion publicitaire de ces animaux. Une période de transition permettra aux propriétaires actuels de garder leurs animaux jusqu’à leur décès naturel, marquant un équilibre entre le bien-être animal et les droits des propriétaires.

Initiative Suisse contre la brachycéphalie chez les chiens

En Suisse, un consortium d’organisations vétérinaires et cynologiques, dont l’Association Suisse de Médecine des Petits Animaux (ASMPA), l’Association Vétérinaires Suisse de Protection Animale (AVSPA), la Société de Cynologie Suisse (SCS), et la faculté Vetsuisse de Berne, a lancé un plan d’action en janvier 2018 pour combattre les problèmes de santé liés à la brachycéphalie chez les chiens.

Le plan inclut la sensibilisation du public et des propriétaires de chiens, le bannissement de l’importation de races à nez plat, des restrictions sur leur promotion dans les publicités, et le soutien à l’amélioration de la santé des races concernées à travers des tests de condition physique et la recherche universitaire. Le projet bénéficie du soutien de la Société des Vétérinaires Suisses (SVS) et de la Protection Suisse des Animaux (STS).

Une conférence de presse, tenue le 2 février 2018 à Winterthur durant l’exposition HUND 18, a marqué le lancement de cette campagne, avec le soutien de Christa Rigozzi (Miss Suisse 2006), et la présence de vétérinaires et spécialistes en cynologie. Cette initiative met en évidence l’engagement suisse en faveur du bien-être animal, en encourageant des pratiques d’élevage responsables et en sensibilisant le public aux enjeux de santé des chiens brachycéphales.

Vers un futur plus éthique

Les mesures prises par les Pays-Bas et les initiatives suisses sur la question soulignent l’urgence de repenser nos critères de sélection des animaux de compagnie. La préférence pour des caractéristiques esthétiques ne devrait pas primer sur la santé et le bien-être des animaux. Tout cela invite à une réflexion globale sur les pratiques d’élevage et encourage les futurs propriétaires à opter pour des races capables de mener une vie saine et heureuse.

L’histoire du nez plat chez les chiens nous rappelle l’importance de l’éthique dans l’élevage animal. En choisissant la santé et le bien-être sur l’apparence, nous pouvons contribuer à un futur où la beauté des animaux réside dans leur vitalité et non dans des traits exacerbant leur souffrance. Les Pays-Bas montrent la voie ; il appartient désormais aux autres nations et aux amateurs de chiens du monde entier de suivre cet exemple.

Commenter

Si tu as aimé
clique sur le cœur !

Partage cet article

Commentaires

Nez plat : « beauté » controversée

publié le 24 mars 2024 - mis à jour le 4 mai 2025

© CQFDogs | tous droits réservés

7 Commentaires
Le plus populaire
Le plus récent Le plus ancien
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Elodie Md
il y a 2 mois

rien à dire 🙌

Nathan Roux
il y a 1 mois

plus fort ! Contenu utile et bien présenté, continue ! Amicalement.

Elodie M
il y a 11 mois

J’ai ressenti tout ce que vous décrivez, c’est bluffant.

Lcg
il y a 9 mois

Pour le shih-Tzus ce n’est pas vrai. La bonne majorité des shih-Tzus qui viennent d éleveurs sérieux n ont pas et n ont jamais eu de soucis de respiration, de… Lire la suite »

À lire aussi

19 août 2024

L’effet de la musique sur les chiens

La musique, souvent reconnue pour ses effets apaisants sur les humains, peut également offrir des avantages inattendus pour les chiens. Des recherches récentes montrent que certains types de musique peuvent avoir un impact positif sur le comportement des chiens, notamment en réduisant leur anxiété et en créant un environnement plus calme.
30 novembre 2024

« Le Monde Canin », un album mordant!

Avec Le Monde Canin, pas de filtre. Les textes dénoncent les adoptions impulsives, les pratiques douteuses et les modes absurdes, mais célèbrent aussi la beauté et la sincérité de la relation avec un chien. Chaque chanson raconte une histoire, avec un ton qui oscille entre sarcasme et tendresse.
2 mars 2024

« Ne vous inquiétez pas, il est gentil! »

Dans le monde des passionnés de chiens, les débats sont nombreux, mais l'un d'entre eux, souvent alimenté par des professionnels de l'éducation canine, semble particulièrement préoccupant : face à un chien inconnu, doit-on systématiquement craindre le pire et rattacher son chien, sous prétexte que "le chien d'en face n'est pas forcément gentil"? Bien que cette prudence puisse sembler sage, elle frôle parfois la paranoïa et soulève des questions sur notre compréhension du langage canin, ainsi que sur la manière dont nous interprétons les interactions entre nos animaux.
Commenter 7 Remonter en haut