Mis en évidence par le scientifique B.F. Skinner, le conditionnement opérant repose sur quatre types de contingences qui permettent de modifier le comportement d’un chien (ou de tout autre être vivant) en fonction des conséquences qui suivent ce comportement.
Voici un résumé de ces quatre cadrans :
- Renforcement positif (R+) : ajouter quelque chose d’agréable pour augmenter la probabilité qu’un comportement se répète.
- Renforcement négatif (R-) : retirer quelque chose de désagréable pour augmenter la probabilité qu’un comportement se répète.
- Punition positive (P+) : ajouter quelque chose de désagréable pour diminuer la probabilité qu’un comportement se répète.
- Punition négative (P-) : retirer quelque chose d’agréable pour diminuer la probabilité qu’un comportement se répète.
En parallèle, d’autres théories ont proposé des perspectives alternatives sur l’apprentissage qui vont au-delà des principes fondamentaux du conditionnement opérant (voir « Autres approches » en bas de l’article).
Pour la petite histoire, Skinner, le scientifique, était un partisan convaincu de l’éducation positive et a souvent exprimé ses opinions à ce sujet. Dans la série « Les Simpson », le personnage du principal Skinner est un clin d’œil au scientifique B.F. Skinner. Ce principal Skinner, souvent mis à l’épreuve par Bart Simpson, représente une parodie de l’application des théories de Skinner, avec Bart agissant de manière à faire perdre son sang-froid au principal, le poussant ainsi à s’écarter des principes d’éducation positive.
Plus en détail
Renforcement positif (R+)
Le renforcement positif consiste à ajouter quelque chose d’agréable suite à l’expression d’un comportement dans l’optique d’augmenter la probabilité que ce comportement se répète. Ce type de renforcement est souvent utilisé en éducation canine et est la base de l’éducation dite « positive ».
Exemples concrets :
- Friandises : lorsqu’un chien exécute un ordre correctement, comme s’asseoir ou donner la patte, lui offrir une friandise immédiatement après renforce ce comportement. Le chien associe alors l’obéissance à une récompense délicieuse, augmentant ainsi la probabilité qu’il répète le comportement à l’avenir.
- Caresses et félicitations verbales : les caresses et les mots d’encouragement (« bravo », « bon chien », « c’est bien »…) après un comportement souhaité fonctionnent également comme des renforcements positifs. Les chiens apprécient l’affection et l’attention de leurs maîtres, ce qui renforce les comportements désirés.
- Jeu : utiliser un jouet préféré ou jouer à un jeu favori (comme lancer une balle) après que le chien ait obéi à un ordre. L’association d’un comportement avec le jeu rend ce comportement plus probable à l’avenir.
L’environnement peut aussi être source de renforcement positif. Par exemple, permettre au chien de renifler une zone particulièrement intéressante pendant une promenade peut servir de récompense pour un comportement souhaité comme marcher calmement en laisse.
Renforcement négatif (R-)
Le renforcement négatif consiste à retirer quelque chose de désagréable suite à l’expression d’un comportement, avec pour but d’augmenter la probabilité que ce comportement se répète. Bien que souvent mal compris, ce type de renforcement ne signifie pas punir le chien, mais plutôt supprimer une contrainte pour encourager un comportement.
Exemples concrets :
- Pression physique : lorsque vous apprenez à un chien à s’asseoir, vous pouvez exercer une légère pression sur son arrière-train. Dès que le chien s’assoit, vous retirez cette pression. Le chien apprend que s’asseoir fait disparaître la sensation désagréable.
- Longe pour le rappel : en tirant légèrement sur la longe pour rappeler le chien et en relâchant la tension lorsqu’il revient vers vous, le chien comprend que revenir vers son maître supprime la sensation désagréable de la traction.
Punition positive (P+)
La punition positive consiste à ajouter quelque chose de désagréable après l’expression d’un comportement indésirable, dans le but de diminuer la probabilité que ce comportement se répète. Ce type de punition est souvent controversé et peut avoir des conséquences négatives sur la relation avec le chien s’il est mal utilisé.
Exemples concrets :
- Réprimandes verbales : gronder le chien immédiatement après un comportement indésirable (comme sauter sur les invités) peut réduire la probabilité que le chien répète ce comportement. Cependant, cette méthode doit être utilisée avec prudence pour ne pas induire de peur ou d’anxiété.
- Collier électrique : utiliser un collier électrique pour donner un choc lors d’un comportement indésirable. C’est une méthode controversée et potentiellement dangereuse selon son utilisation, qui peut entraîner des effets secondaires négatifs comme la peur, l’agressivité, et la détérioration de la relation avec le chien.
Punition négative (P-)
La punition négative consiste à retirer quelque chose d’agréable suite à l’expression d’un comportement indésirable, avec pour objectif de diminuer la probabilité que ce comportement se répète. Cette méthode est couramment utilisée dans l’éducation dite « positive ».
Exemples concrets :
- Ignorer le chien : lorsque le chien saute sur vous pour obtenir de l’attention, se détourner et l’ignorer retire l’attention recherchée. Le chien apprend que sauter ne lui apporte pas l’interaction souhaitée, ce qui réduit ce comportement.
- Retirer un jouet : si le chien devient trop excité ou agressif en jouant avec un jouet, retirer ce jouet pendant un moment peut aider à calmer le chien et à lui montrer que ce comportement indésirable fait disparaître le plaisir du jeu.
Il est essentiel de comprendre que dans ce cadre théorique, « positif » et « négatif » ne portent pas de jugement moral, mais indiquent simplement l’ajout ou le retrait d’un stimulus. En éducation canine, les méthodes dites « positives » privilégient généralement le renforcement positif et la punition négative pour encourager les comportements souhaités et décourager les comportements indésirables sans recourir à la douleur ou à la peur.
Autres approches
Depuis les travaux de Skinner, plusieurs études ont été menées pour explorer et remettre en question divers aspects du conditionnement opérant. Une critique importante concerne la généralisabilité des résultats obtenus dans les boîtes de Skinner à d’autres contextes et à des comportements plus complexes. Les expériences menées dans des environnements contrôlés peuvent ne pas refléter pleinement la complexité et la variabilité des comportements observés dans des contextes naturels ou sociaux.
En parallèle, d’autres théories ont proposé des perspectives alternatives sur l’apprentissage qui vont au-delà des principes fondamentaux du conditionnement opérant. Par exemple, la théorie de la perspective cognitive de Bandura met l’accent sur l’importance de l’observation et de la modélisation dans l’acquisition de comportements, soulignant ainsi que les individus apprennent également par l’observation des autres et par la prise de conscience cognitive de leurs actions et conséquences.
En outre, les avancées significatives en neurosciences et en psychologie moderne ont permis d’utiliser des techniques comme l’imagerie cérébrale pour étudier les mécanismes neuronaux sous-tendant l’apprentissage et le comportement. Ces approches offrent une perspective plus fine sur la manière dont les stimuli, les récompenses et les punitions influencent non seulement les comportements observables mais aussi les processus neurobiologiques sous-jacents. Par exemple, des études ont montré comment certaines régions du cerveau sont activées lors de la réception de récompenses, ce qui enrichit notre compréhension des mécanismes de renforcement positif et négatif décrits par Skinner.
Ces développements soulignent l’importance de continuer à intégrer les découvertes des neurosciences et des théories psychologiques contemporaines dans l’étude de l’apprentissage et du comportement, enrichissant ainsi notre compréhension et nos approches dans le domaine de la psychologie comportementale.
Cet article m’a été inspiré par la vidéo très intéressante de @musher_life sur TikTok :
Sources :
- Skinner, B. F. (1938). The Behavior of Organisms: An Experimental Analysis. Appleton-Century.
- Skinner, B. F. (1953). Science and Human Behavior. Free Press.
- Bandura, A. (1977). Social Learning Theory. Prentice-Hall.
- Bouton, M. E. (2016). Learning and Behavior: A Contemporary Synthesis (2nd Edition). Sinauer Associates.
Excellent !
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très intéressant 👍🏼