« Vrais morceaux de science » sur TikTok – analyse d’un discours vétérinaire.

Salons du chiot : l’envers du décor.

Publié le 3 mai 2025

Témoignage

Crédit photo : Bailly photographie


Chaque année, des salons de vente de chiots se tiennent un peu partout en France, attirant un large public séduit par la promesse d’un compagnon idéal, disponible immédiatement. Des dizaines d’éleveurs, des centaines de chiots, une ambiance chaleureuse et un décor propice au coup de cœur : tout est fait pour provoquer l’achat. La rencontre est brève, l’émotion forte, et repartir avec un animal semble facile, presque banal. Mais derrière cette apparente simplicité se cache un modèle à haut risque. L’achat sous pression, les informations incomplètes ou trompeuses, l’absence de garanties sérieuses sur l’élevage : autant de dérives que ces événements peuvent favoriser. L’histoire de Rox, adopté dans ce contexte par Sarah et Célia, en est l’illustration concrète et appelle à la vigilance.

Résumé éclair

Cet article dénonce les « salons du chiot » à travers le témoignage de Sarah et Célia. Elles y ont acheté leur chien, Rox, en 15 minutes sur un coup de tête, sans aucune préparation. Elles ont subi la pression commerciale, des informations trompeuses sur le chien (« parfait », « propre », prétendu « LOF »), et l’éleveur a antidaté les documents pour contourner la loi (notamment le certificat d’engagement et son délai de 7 jours en France).

Résultat : Rox était anxieux, craintif (possiblement stressé par les manipulations répétées sur le salon) et a souffert de graves problèmes de santé chroniques (allergies, diarrhées), liés à un élevage douteux et non transparent (mère absente, pas d’infos, tromperie sur le LOF et déjà connu pour maltraitance).

L’article souligne aussi que :

  • Le certificat d’engagement français, censé protéger de l’achat impulsif, est souvent insuffisant et mal appliqué (signé parfois avant même de voir l’animal).
  • Ce type de salon commercial est de plus en plus interdit ou strictement encadré dans d’autres pays européens (Belgique, Suisse, Royaume-Uni) pour des raisons de bien-être animal.

Malgré leur amour pour Rox, Sarah et Célia regrettent les circonstances de cette adoption et appellent à la responsabilité. Fuyez les salons du chiot, privilégiez les éleveurs sérieux visités chez eux ou les refuges.

La curiosité et le manque de préparation

Avant de se rendre au salon, Sarah et Célia n’avaient pas de projet d’adoption concret. C’était une sortie guidée « un peu par curiosité, un peu sur un coup de tête ». Cette absence de préparation est précisément ce sur quoi capitalisent ces événements. Sans recherches préalables sur les races, les besoins spécifiques d’un chiot ou les questions essentielles à poser à un éleveur, les visiteurs sont vulnérables à l’achat impulsif, submergés par l’émotion face aux animaux présentés. Chez Sarah et Célia, rien n’était prêt à la maison, aucune anticipation des bouleversements qu’implique l’arrivée d’un jeune chien.

L’achat sous pression en 15 minutes et le certificat d’engagement antidaté

L’arrivée au salon, surtout en fin de journée, peut accentuer le sentiment d’urgence. À 18h15, le coup de foudre pour Rox. L’éleveur entre alors en jeu, dépeignant un tableau idyllique : un chien « parfait », quasi « sans entretien », déjà propre, équilibré, nécessitant peu de sorties.

Il leur a également été affirmé à plusieurs reprises, oralement et par écrit (sur le stand, sur le site web), que le chiot était inscrit au LOF (Livre des Origines Français), gage de sa lignée. Ce n’est que plus tard qu’elles découvriront, en examinant les papiers, que ce n’était pas le cas. Le chiot leur a tout de même été vendu 2 000 €, un prix élevé pour un animal faussement présenté comme ayant un pedigree officiel, soulevant de sérieuses questions d’éthique et de transparence.

Un discours commercial bien rodé, conçu pour rassurer et accélérer la décision. La pression monte : « si vous ne le prenez pas maintenant, il risque d’être réservé ». Dans ce tourbillon émotionnel, difficile de garder la tête froide.

À 18h30, soit 15 minutes après la rencontre, Rox est dans leurs bras, la transaction conclue. Sarah et Célia notent d’ailleurs que le chiot leur a été remis très rapidement, presque jeté dans les bras dès leur arrivée sur le stand, les amenant à se demander rétrospectivement dans combien de mains différentes ce très jeune animal avait pu passer durant tout le week-end. Une source potentielle de stress et de risques sanitaires immense pour un chiot.

La rapidité extrême de l’échange empêche toute réflexion posée, toute vérification sérieuse. Et pour permettre cette vente immédiate, un détail alarmant rapporté par Sarah et Célia : l’éleveur a antidaté les papiers d’adoption. Cette manœuvre illégale visait manifestement à contourner la règle du « certificat d’engagement et de connaissance » et son délai de réflexion obligatoire de 7 jours (France). C’est un signal d’alarme majeur sur le sérieux de l’éleveur et sur les pratiques potentiellement frauduleuses qui peuvent avoir cours dans ces événements pour passer outre la législation. La mère des chiots, élément pourtant crucial pour évaluer l’environnement de naissance et le tempérament probable, était également absente – une situation fréquente dans ces salons mais très problématique.

Le Certificat d’engagement : une formalité insuffisante ?

Certes, la loi française impose désormais la signature de ce « certificat d’engagement et de connaissance » et le délai de 7 jours, une mesure visant à contrer les achats impulsifs. L’intention est louable et nécessaire. Toutefois, à y regarder de plus près, le contenu standard de ce certificat, tel que celui parfois distribué par les organisateurs de salons eux-mêmes, soulève des questions quant à son efficacité réelle.

S’il rappelle des obligations légales (identification) et des généralités sur les besoins physiologiques (nourriture, eau, sorties), les soins (vaccination conseillée, hygiène) et les coûts annuels estimés (souvent sous-évalués et hors imprévus), il reste très superficiel. Il manque cruellement d’informations spécifiques sur les particularités comportementales des races, les besoins éducatifs précis, les potentiels problèmes de santé héréditaires, ou encore l’importance de la socialisation précoce. Ce sont pourtant des points essentiels à une adoption réussie et éclairée. Pire encore, le document type mentionne lui-même que les informations ne sont « pas exhaustives » et qu’il faut se référer à un autre document d’information sur la race « qui sera fourni lors de l’acquisition ».

Mais l’absurdité atteint son comble lorsque certains organisateurs de salons proposent aux futurs acquéreurs, comme l’indique leur propre communication, de télécharger et signer ce certificat depuis chez eux, au moins 7 jours avant l’événement, donc bien avant d’avoir vu ou choisi le moindre animal ! On demande ainsi aux gens de s’engager et de « réfléchir » pendant une semaine sur un animal totalement hypothétique, une race peut-être même pas encore déterminée, sur la base d’informations génériques et incomplètes. Le jour du salon, ils arrivent avec leur papier pré-signé, prêts à craquer en quelques minutes pour une petite bouille, et le certificat n’aura servi qu’à contourner l’esprit de la loi. Cette pratique transforme une mesure de protection et de responsabilisation en une formalité administrative grotesque, une simple « case à cocher » pour faciliter la vente impulsive, vidant l’obligation de tout son sens pédagogique et préventif.

La réalité derrière la façade

Le retour à la maison marque le début des désillusions. Le chiot « parfait » et « propre » se révèle être un animal anxieux et désorienté. Loin d’être à l’aise, Rox fait ses besoins dans son panier, lèche compulsivement les plaintes, et passe les premiers jours recroquevillé de peur entre les jambes de ses nouvelles maîtresses. Il apparaît craintif, « presque sauvage », témoignant d’un début de vie stressant (potentiellement aggravé par les manipulations excessives au salon) et d’un manque de socialisation adéquate. Heureusement, l’intervention rapide d’un éducateur canin compétent permet d’amorcer une adaptation progressive à son nouvel environnement et de l’aider à s’épanouir, notamment en sortant du stéréotype parfois associé au Shiba.

Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là. Des problèmes de santé chroniques émergent : diarrhées persistantes jusqu’à ses 8 mois, nécessitant de multiples ajustements alimentaires et vétérinaires. Finalement, un diagnostic d’allergies alimentaires et cutanées est posé, une sensibilité exacerbée pendant les périodes estivales. Ces problèmes soulèvent des questions sur les conditions d’élevage et la génétique du chien. Les tentatives de Sarah et Célia pour obtenir des informations sur les parents de Rox auprès de l’éleveur restent vaines, renforçant le manque de transparence.

Plus tard, une découverte accablante vient confirmer les doutes : l’élevage en question a déjà fait face à la justice pour des faits de maltraitance. Une procédure est d’ailleurs en cours concernant Rox. Ce cas, malheureusement, ne semble pas être une exception dans le contexte des salons du chiot, où le bien-être animal passe souvent après le profit rapide.

Un modèle français à contre-courant

Face aux dérives que peuvent engendrer ces salons, la France n’est pas isolée dans ce débat sur les conditions de vente des animaux de compagnie, et que son modèle de « salon du chiot » commercial semble de plus en plus à contre-courant des tendances européennes. Plusieurs pays voisins ont déjà pris des mesures plus strictes. C’est le cas en Belgique, où la Région wallonne notamment a interdit la commercialisation d’animaux (chiens, chats, vertébrés) lors de marchés, foires ou autres événements publics. En Suisse, la situation est différente mais conduit à un résultat similaire : les réglementations cantonales sont très exigeantes en matière de protection animale, d’autorisation pour les élevages et la vente, de traçabilité et de conditions d’exposition. Ces règles strictes, combinées aux récentes mesures durcissant l’importation de jeunes chiots, rendent l’organisation de vastes foires commerciales de vente directe sur le modèle français impossible en pratique. Ailleurs, comme au Royaume-Uni avec la « Loi de Lucy » (Lucy’s Law) en Angleterre, c’est la vente par des tiers (animaleries, revendeurs) qui est interdite, obligeant l’achat direct chez l’éleveur et limitant ainsi fortement la viabilité de grands rassemblements multi-vendeurs. Ces exemples, parmi d’autres en Europe (où certains pays interdisent aussi la vente en marché/foire), illustrent une tendance de fond vers un encadrement plus rigoureux de la vente d’animaux, visant à privilégier la responsabilité, le bien-être animal, la traçabilité et à décourager les achats impulsifs facilités par ces grands événements commerciaux.

Appel à la responsabilité

Crédit photo : Bailly photographie

Aujourd’hui, Rox est un chien aimé, et le lien tissé avec Sarah et Célia est fort, forgé par les épreuves et un amour inconditionnel. Cette expérience leur a enseigné la patience et la remise en question. Cependant, elles le disent clairement : « si c’était à refaire, nous aurions préféré adopter autrement, de manière plus responsable, plus éthique. »

Leur histoire est un avertissement. Les salons du chiot, par leur nature même, favorisent les achats impulsifs, rendent difficile la vérification du sérieux des éleveurs, et peuvent masquer des conditions d’élevage déplorables et des problèmes de santé ou de comportement chez les animaux. Adopter un animal est un engagement sur le long terme qui mérite une réflexion approfondie, des recherches sérieuses et une rencontre avec l’éleveur dans son environnement.

Privilégier les éleveurs reconnus qui élèvent dans un cadre familial, visiter les lieux, rencontrer les parents du chiot, ou encore se tourner vers les refuges qui regorgent d’animaux en attente d’une seconde chance, sont des démarches bien plus respectueuses et sécurisantes pour tous. Ces démarches permettent également de respecter le délai légal de réflexion de 7 jours imposé par le certificat d’engagement, un garde-fou essentiel contre les décisions impulsives, même si son contenu mériterait d’être plus approfondi, et totalement incompatible avec le modèle de vente immédiate des salons du chiot.

Nous tenons à remercier chaleureusement Sarah et Célia d’avoir partagé avec nous leur témoignage détaillé et sincère concernant l’acquisition de Rox. Leur expérience met en lumière des aspects souvent méconnus des salons du chiot. Pour ceux qui souhaitent suivre les aventures de Rox aujourd’hui, vous pouvez les retrouver sur TikTok sous le nom @rox_et_rio et sur Instagram @rox_et_rio64.

Témoignage recueilli. Les faits rapportés relèvent de l’expérience personnelle des personnes citées. CQFDogs ne saurait être tenu responsable des conséquences juridiques potentielles liées aux tiers mentionnés.

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Commentaires

Salons du chiot : l’envers du décor.

publié le 3 mai 2025 - mis à jour le 4 mai 2025

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3 Commentaires
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JulieB
il y a 2 jours

C’est honteux que ça existe encore des trucs pareils! heureusement que ce chien est tomber sur les bonnes personnes mais c’est pas le cas de tous ces pauvres betes.

Eno
il y a 1 jour
Réponse à  JulieB

Ma voisine a aussi craqué au salon du chien résultat il est sur le balcon

Salamanca
il y a 1 jour

Il faut faire interdire ces salons! Point barre!

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